De Rangoon, un bus direct part à 19 heures (en classe VIP), un petit déjeuner est servi à minuit et laisse les passagers au croisement avec la route de Lashio. A 4 heures, le marché bat son plein et je pars en ville, un peu écoeurée par une nuit sans sommeil. Au retour, je trouve mon guide et 4 touristes ; nous tombons d’accord pour un treck de 3 jours.
Adresses et prix janvier 2015
Northern rock guest-house, single simple, très bonne adresse, 6 000 Ks Une nouvelle guest-house devrait ouvrir sur Pinlon road, climatisée… et Thyri Pyitsaya construit aussi 6 chambres qui devraient ouvrir en octobre ou novembre 2014 Petit déjeuner au Thiri Pyitsayar, 1 000 Ks Bus pour Mandalay, 5 heures du matin, 3 500 Ks 1 thé, 200 Ks 1 boutique sur la rue principale, loyer, 260 $ / mois Terrain face à la gare routière, 20 m X 20 m environ, 30 000 $ Marché du matin entre 3 et 7 heures, puis grand marché à 8 heures Le meilleur restaurant Shan de la ville Aji Yua : prendre la direction de la gare des bus. Avant la voie ferrée, prendre la route sur la droite. A 20 m, sur la droite, une maison en bambou. Pas de nom anglais. On peut manger ici de la soupe poivrée à l’écorce d’un arbre fruitier, du riz jaune, la spécialité du restaurant, ou des champignons au riz, cuit dans une feuille de bananier. En ville, sur le côté du marché, plusieurs restaurants : le Sein côtoie le Yunnan et, en face, le Pann cherry. En treck, visite de l’usine à thé Parami : roulage des feuilles, puis vapeur, sèchage et tamisage. Un viss coût 5 000 Kyats.
C’est la saison de la cueillette du thé dans les villages Palaung : les femmes pincent les bourgeons qu’elles mettent dans de grands paniers et rentrent le soir chargées. Dès le matin, les chevaux sont chargés et les hommes emmènent la récolte à l’usine. Nous dormons le premier soir dans une grande maison Palaung. Le repas, préparé par le guide, est pris avant celui de la famille. Puis, très vite, à 18 h 30 vient l’extinction des feux ! Le froid monte, j’écoute les cloches des vaches. Le sommeil vient, jusqu’à ce que 99 me réveille pour me dire de changer de sens… jamais la tête à l’ouest me dit-il ! Après un petit déjeuner de riz blanc et de thé, nous partons. Il pleut et ça glisse : nos chaussures amassent l’argile et deviennent si lourdes qu’il faut les taper pour faire tomber les plaques de terre. Mon guide, ancien soldat reconverti à la fin des hostilités dans la région en taxi moto et infirmier itinérant, visite en chemin les malades signalés. Nous visitons une fabrique de salade de thé : les feuilles ébouillantées, triées, stockées pour de longues semaines de fermentation dans d’immenses paniers en bambou, puis mises en sacs, entassés les uns sur les autres pour s’égoutter avant la vente à Mandalay. Le retour se fait sous une pluie fine.
Le lendemain, c’est à moto que nous poursuivons les visites des villages, en direction de Mogok. La route est magnifique ! Nous suivons 4 motos surchargées comme il est impensable. C’est comme ça que les jeunes espèrent faire fortune : avec un investissement de 300 dollars, ils achètent une moto chinoise, la surchargent de marchandises prisées à Mogok, et prennent la route. Si tout se passe bien, en 2 voyages, ils pourront racheter une seconde moto…. 4 motos se suivent… au premier pont en bambou, ça passe ou ça casse… L’une d’elle s’est renversée ; il faut 4 personnes pour la remettre droite, mais la caravane repart… Nous rentrons par les sources chaudes : deux grands bassins. Nous passons la construction du pipe et du gazoduc entre l’Arakan et la Chine. Les gens sont inquiets de ce projet au bénéfice exclusif de la Chine pour 30 ans… occasionnant déjà expropriations et forte présence de l’armée. Je suis invitée au dîner ; nous discutons du métier de guide, de l’impact du tourisme massif qui se pointe et des actions de l’association. Chaukmè vit de l’agriculture, du thé surtout, transformé en salade ou séché. Au cours des treck, on peut visiter les usines. Mais tout le quartier chinois de Chaukmè vit de la fabrication du papier de bambou : de grandes feuilles jaunes, pliées, coupées à la main en ribambelles de carrés réguliers, marqués ensuite à la presse, et qui partent ensuite en Chine. Il suffit de jeter un œil à l’entrée des cours pour voir les bambous savamment installés au soleil, ailleurs, les feuilles jaunes d’or qui sèchent sous l’auvent. Dans le même quartier, plus loin, ce sont de jeunes garçons qui, sans aucune protection, martèlent les feuilles de plomb jusqu’à la forme parfaite du carré et l’épaisseur requise, qui seront ensuite vendues comme « feuilles d’argent » dans les pagodes ! Mai 2014 ; ce matin, raconte le type de la station-service, un soldat Birman a été descendu à la sortie de la ville, juste devant le grand Bouddha couché construit conjointement par les soldats Birmans et ceux de l’armée Palaung. Les 1 300 soldats de l’armée Palaung sont sur en guerre. Nous ne pourrons pas aller à Nam Shan, mais nous en croiserons, en patrouille ou se reposant. Les habitants de la région paient un impôt à l’armée Palaung, et les nourrissent, lorsqu’ils arrivent dans un village. Dans la région, 60 000 soldats Shan sont eux aussi sur le pied de guerre et, en face, 500 000 soldats Birmans, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Ils touchent un salaire insuffisant qui les oblige à prélever sur la population un complément. Les Wa, eux, ont une armée de 80 000 hommes et ont obtenu une semi autonomie. Le journal de ce matin affichait en première page la volonté du gouvernement d’écarter l’armée des discussions politiques… Dans le pays, partout la même constatation, celle que les choses ne changent pas ! Deux personnes rencontrés ont le même discours : « nous nous sommes faits avoir une fois avec un accord de cessez-le-feu avec l’armée Birmane, il faut que nous gardions le contrôle de nos terres. Nous sommes très près de la guerre civile ».
Nous nous arrêtons dans trois villages Palaung. Les champs sont parfois à un jour de marche car, avec la pression démographique, il faut aller plus loin pour brûler la forêt, et cultiver. Il y a 5 ans que je marche a dans cette région ; si, les premières années, nous avancions à l’ombre de la forêt, tout, à présent, est brûlé, la forêt disparait ; dans les villages, les graines de l’association semblent un cadeau inestimable. Je rentre avec de gros sacs de thé « que nous avons cultivé et cueilli nous-mêmes » me disent les villageois. Ils sont curieux, choisissent avec attention les légumes qu’ils ne connaissent pas, j’aime les regarder hésiter. Une vieille femme vit seule dans une petite maison en bambou, avec sa fille qui, pour le moment, est aux champs. Elles font pousser du maïs, échangé par les chinois contre de l’engrais qu’elle vend. « La vie est douka (douleur) » dit-elle. La piste est pierreuse, pleine d’ornières, puis devient sentier. Les villages de montagne sont le plus souvent Palaung, et vivent des cultures, celle du thé essentiellement. La cueillette se fait entre mars et avril pour le thé que l’on boit, puis, entre juin et octobre pour la salade de thé. En ce moment, on plante. Les gens partent très tôt le matin et, lorsque les champs sont très loin, on y reste 4 jours d’affilée, avant de rentrer se reposer un peu et chercher de la nourriture pour 4 nouveaux jours. Ici, on a vu arriver deux fois des touristes seulement !
Pour en savoir plus : • L\\\’armée • Les groupes ethniques • Pour faire du papier de bambou • L\\\’ennemi fantôme