Les projets de développement dans l’Etat Kachin : un impact lourd sur l’environnement et la population
Le gouvernement Birman a signé en mai 2007 avec China Power Investment Corporation un accord pour la construction de 7 barrages sur l’Irrawaddy, la Malika, et la N’Mai. Le barrage de Myitsone est le plus important (haut de, 152 mètres, pour une production annuelle de 29 400 KWh), son réservoir sera plus grand que la ville de Singapour. L’électricité produite ira pratiquement en totalité à la Chine qui manque d’énergie pour développer sa production. La population locale ne fait donc que subir les projets. Les sources concernant ces informations sont, outre les discussions sur le terrain sont les sites d’ONG étudiant l’impact des projets en cours sur l’environnement :
À Myitsone, côté Birmanie, c’est Asia World Company, la société de Stephen Law (un des privilégiés du régime) qui a remporté le contrat, et côté Chine, Suntac Technologies, Myanmar Electrical Power Enterprise, China Power Investment Corporation (CPI), China Southern Power Grid Co. (CSG), China Gezhouba Group Corporation (CGGC), Yunnan Machinery Equipment Import & Export Company Limited (YMEC), Changjiang Institute of Surveying, Planning, Design and Research …Le coût du barrage est estimé à US$ 3,6 milliards, et les revenus générés estimés à US $ 560 millions par an pour une électricité vendue à la Chine. Des milliers de chercheurs d’or sont arrivés. Le projet aggrave les risques de conflit pour du travail et le trafic avec la Chine. 60 villages, soit 20 000 personnes doivent être relocalisées.
En amont de ce barrage, d’autres doivent être construits :
Barrage de Chibwe – capacité : 3,400 MW
Barrage de Chibwe Nge – capacité : 99 MW
Barrage de Pashe – capacité : 1,600 MW
Barrage de Lakin – capacité : 1,400 MW
Barrage de Phizaw – capacité : 1,500 MW
Barrage de Khaunglanphu – capacité : 1,700 MW
Barrage de Laiza – capacité : 1,560 MW
Deux barrages sur la rivière Dapein s’ajoutent, construits par la Chine qui bénéficiera de 90 % de l’électricité produite. La population refuse les expropriations, soutenue par les ONG à partir des pays limitrophes, menant à une mobilisation sans précédent. En Birmanie, le président d’Eleven Media, Than Htut Aung, un groupe privé, ou Aung San Suu Kyi ont protesté contre le projet de Myitsone. CPI (Société Chinoise) de son côté, a fait rédiger une étude sur l’impact social et environnemental qui révèle que, malgré «quelques dommages inévitables, le projet a des bénéfices significatifs en terme social, économique et environnemental». L’ambassade Chinoise a sponsorisé un journal distribué à Rangoon avec ce message “Yes to Corporate Social Responsibility !”
Finalement, le Président Thein Sein a décidé le 1er octobre 2011 de suspendre le projet de Mytsone, remettant en question l’accord avec la Chine. Les employés et le matériel de CPI sont cependant restés sur le site, dans l’attente d’une solution. Des conflits ont éclaté entre l’armée et la KIA le 9 juin 2011menant au déplacement de 30 000 personnes et 300 employés chinois sont pris dans les combats. En parallèle du projet de barrage, les autorités ont accordé une licence pour l’exploitation de l’or à deux sociétés, Thandar Shwe Zin et For Luck qui ont sous traite le forage sans aucun encadrement ou contrôle. Le cours du fleuve s’est élargi de 200 mètres ; les bancs de sable ont provoqué des débordements et l’inondation de villages. 300 bateaux se sont installés, cherchant de l’or jour et nuit ; de fortes concentrations de mercure et cyanure ont été relevées.
Un autre projet, celui de monoculture dans la vallée de Hukawng dans la « Réserve de tigres » déclarée zone protégée en 2001 et agrandie en 2004 de 21 890 km2 : la plus grande réserve de tigres au monde. Le projet a pour objectif la monoculture de manioc, canne à sucre, et jatropha (bio fuel) sur 809 km2, terrains accordés en 2006 par le Général Than Shwe à la société Yuzana Company société de Htay Myint, un des privilégiés du régime militaire. Entre les concessions accordées par le gouvernement se trouvent des villages convoités par Yuzana. Dans la région, on cultive riz, haricots, pois, thé, moutarde, maïs, oranges, ananas, bananes, ramboutans mais les autorités locales invoquent une nouvelle obligation de cultures dont le non-respect est sanctionné par la saisie des terres qui se fait avec le soutien les autorités régionales. En 2007, les confiscations de terres démarrent ; les villageois se mobilisent.
En 2009, Yuzana démarre la construction de l’usine sécurisée par l’armée et fait suivre au personnel un entraînement militaire. En 2010, les villageois de Ban Kawk ont été arrêtés ; ils ont demandé l’intervention de l’OIT et se sont vu refuser leurs cartes d’identité et l’enregistrement des maisons. En juin 2010, le village d’Aung Ra a été rasé. Yuzana a construit un village modèle à Sanbya Kwye Ywa pour regrouper les villageois expulsés. En 2010, 163 foyers avaient déménagé dans des abris temporaires ; les autorités leur ont demandé de signer un papier attestant qu’ils partaient de leur plein gré.
Malgré les réformes en route et la démocratisation affichée, le gouvernement a lancé en Juin 2011 dans l’Etat Kachin une offensive majeure et d’une grande violence, malgré le cessez-le-feu. 60 000 personnes ont été déplacées. Partout, la présence de l’armée s’accompagne de viols et de torture, d’exécutions. Le travail forcé est encore utilisé par les militaires, nommé « labour contribution »