Un développement qui profite à tous ? Région du lac Inlay

 

Marché flottant

Marché flottant. Photo Marchés d’Asie.

La région du lac est agricole. Le tourisme, du fait de l’intérêt du lac, s’y est développé : guest-houses, restaurants et hôtels de luxe se sont construits en grand nombre dans les années 2000.

Bateaux, guides, agences de voyages, compagnies de bus, taxis, ateliers de tissage, de fabrication de papier, d’ombrelles, de bijoux ou de cigarettes… une grande partie de la population de Nyaungshwe vivait directement ou indirectement du tourisme. Qquand les touristes annulèrent leur voyage après les manifestations de 2007…  une catastrophe pour la région.

Quels projets dans la région ?
Comme partout, la région fait l’objet de spéculation. Des fermiers, expropriés en 2012 près du lac Inlay en raison de projets de constructions d’hôtels, sont accusés par les constructeurs d’avoir cultivé les terres saisies. 100 policiers sont entrés dans le village de Kan Bae. Près de 600 acres de terres cultivables ont été saisies en 2012 dans 6 villages pour construire des hôtels. Les villageois disent ne pas avoir de compensations suffisantes. (Source : The Irrawaddy.org/archives/37140, juin 2013.)

Bien d’autres projets concernent la région :  le projet Shwe dont le pipeline et le gazoduc traversent l’état Shan (visible près de Chaukmè).

Les projets hydrauliques sur la Salween
Tasang (État Shan) sera plus grand que celui des 3 gorges en Chine (hauteur 228 m, capacité: 7,110 MW, production annuelle : 35 446 GHW). Les sociétés impliquées sont (Birmanie) Myanmar Electric Power Enterprise, Thaïlande : MDX Group, (Chine) : China Gezhouba Group Co, Sinohydro Corporation, China Southern Power Grid Co., China Three Gorges Project Corporation, Changjiang Survey, Planning Design & Research Co.Ltd, (Royaume-Uni) : Malcolm Dunstan & Associates. Le coût du barrage est estimé à US $ 6 milliards. L’électricité sera majoritairement vendue à la Thaïlande. 300 000 personnes ont déjà été déplacées sur la zone de ce seul barrage depuis 1996.
Wei Gyi : tout près de la frontière Thaï, dans l’État Kayah (hauteur de 220 mètres, capacité de 4 540 mégawatt) ; la zone submergée couvre une superficie de 700 à 1 000 km2 de terres cultivables. Le coût du barrage est évalué à US$ 3 milliards.

Upper Thanlwin (Nord de l’État Shan) : un accord a été signé en 2007, entre le gouvernement Birman et 2 sociétés Chinoises puis un nouvel accord a été signé en 2010 pour la construction de 3 barrages supplémentaires à Ywathit, et sur les rivières Pawn et Thabet. Les sociétés impliquées sont : (Chine) : Hanergy Holding Group Company , Gold Water Resources Company, Yunnan Power Grid Company, Mid-South Design and Research Institute (CHECC) ; le coût du projet est évalué à US $ 600 millions. En février 2011, l’armée sécurisait la zone du projet, interdite d’accès à la population. L’électricité partira en Thaïlande.

Dagwin : la capacité estimée du barrage est de 500 à 900 MW; le barrage produira de l’électricité mais il est surtout destiné à réguler l’eau lâchée par le barrage de Wei Gyi aux heures de pointe (hauteur : 56 mètres, capacité prévue : 792 MW). Les sociétés impliquées sont : Electricity Generating Authority of Thailand (EGAT).
Ces projets ne profitent pas à la population locale qui, sous pression, tente de se mobiliser.

La tension monte et provoque la reprise des combats. Actuellement, plus de 1 000 villageois ont fui dans l’Est de l’Etat Shan depuis la reprise des combats entre l’armée et les groupes ethniques locaux en mars 2013.

Près de 2 000 personnes ont déjà été déplacées depuis le début de l’offensive entre le gouvernement et la SSA-North (Shan State Army-North), en violation du cessez-le-feu. Les civils ont commencé à fuir après l’attaque des 15 et 16 avril 2013, pendant les fêtes du Nouvel an et malgré les négociations en cours. Selon The Irrawaddy, 9 bataillons de l’armée gouvernementale tente de chasser l’armée SSA-North à Nong Pha, zone de construction d’un barrage, sur un affluent de la Salween. La SSA-North et le gouvernement ont signé un cessez-le-feu en 1989 qui a volé en éclat en mars 2011. Un nouveau cessez-le-feu a été conclu en janvier 2012 avec le gouvernement « civil » et, malgré la poursuite des négociations, les combats se sont poursuivis sporadiquement. Source : The Irrawaddy, 24 avril 2013.