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135 groupes ethniques composent la population du pays.
Les conflits perdurent dans de nombreuses régions. En 2017 s’est tenue une conférence avec l’objectif de parvenir à un cessez-le-feu.
A la fin de la seconde guerre mondiale, Aung San, préparant l’indépendance, choisit de prendre en compte les revendications des minorités ethniques. Il obtint leur adhésion à la conférence de Panglong en 1947.
Il mourut assassiné quelques mois seulement avant l’indépendance et la constitution de 1948 ne reprit pas les accords. Les insurrections éclatèrent, se mêlant à celle du Kuomintang, mouvement nationaliste chinois, et celui des communistes. L’armée birmane, ne pouvant faire face, s’appuya sur des milices paramilitaires et chercha à se renforcer.
La période militaire et la birmanisation forcée
En 1962, les biens furent nationalisés, les étrangers chassés et le pays entra dans sa période socialiste et se ferma au monde. Après 1988 et les grandes manifestations, et la violente répression, l’opposition partit sur la frontière, rejoindre les armées ethniques en rébellion et la junte musela l’opposition. Les sanctions économiques des pays occidentaux accentuèrent l’isolement du pays qui se rapprocha de la Chine.
L’armée Birmane doubla en nombre de soldats, jusqu’à atteindre environ 400 000 hommes pour combattre les armées rebelles. La politique intérieure s’orienta vers l’assimilation forcée des groupes ethniques non birmans et la lutte contre l’opposition et le contrôle de la population, embrigadant les jeunes dès l’enfance.
Etre soldat, c’est avoir un statut et une maigre solde : l’équivalent de 40 US$ en 2008. Un jeune soldat interrogé affirmait en 2011 qu’un quart de son salaire est conservé par son supérieur et récupéré à la fin de l’année, qu’une partie est versée pour le logement, la nourriture, l’uniforme, et finalement, il ne lui reste souvent que 3 000 Kyats (3 euros). Les promotions existent s’il parvient à enrôler de nouvelles recrues ou s’il épouse une fille d’un groupe ethnique, par exemple.
Une armée de 400 000 hommes, sans menace externe…
Si l’éducation et le système de santé étaient les « parents pauvres » du budget sous Than Shwe, la junte développa l’armée pour faire face à « l’ennemi intérieur ». Le nombre de soldats passa à environ 400 000 hommes : salaires et équipements amputèrent lourdement le budget de l’État.
Le gouvernement en quasi faillite, fit de l’armement et de la lutte sa priorité ; le gouvernement n’ayant pas les moyens de payer correctement ses soldats, poussa à la corruption. L’équipement de l’armée Birmane comprenait chars d’assaut et véhicules de transports, batterie anti-aérienne et réseau de communication, 180 avions de combat, MIG 29 interceptors et F7 et 30 bâtiments de marine, pour la plupart importés de Chine, Yougoslavie, Pologne, Russie, Singapour et du Pakistan. Les dépenses militaires doublèrent, atteignant 45 % du budget certaines années, ce qui poussa également les armées ethniques à se renforcer.
L’armée birmane élargit alors ses capacités industrielles et économiques, montant des joint-ventures dans les secteurs agricoles, les banques et l’industrie. Dans l’armée, s’engageaient les jeunes poussés par les familles qui pensaient pouvoir profiter des avantages engendrés par les promotions. Mais seuls les officiers supérieurs avaient des avantages, (cliniques et écoles, terrains, parts dans les entreprises appartenant à l’armée) alors que la solde des soldats de base restait insuffisante. Ils installèrent des barrages sur les routes et prélevèrent des taxes….Outre leur solde, les militaires aux plus hauts postes bénéficiaient d’avantages : terrains, matériaux de construction, parts dans les entreprises de l’armée, licences téléphoniques, royalties de sociétés. Par-dessus tout, le taux de change qui leur était réservé, de 6 Kyats pour 1 $ (au lieu de 1300 au marché noir en 2009), permettaient des profits gigantesques.
Si les simples soldats restent à la limite de la précarité, sans avoir le droit de quitter l’armée, les plus hauts responsables, se sont enrichis de façon considérable, par le biais de leurs familles qui bénéficiaient de partenariats lucratifs, souvent informels. L’enrichissement venait aussi des soldats de base, mis à contribution par leurs supérieurs.
L’actuelle constitution garde le pouvoir à l’armée : seul 4 ministres ne sont pas issus de l’armée. La constitution montre une contradiction entre l’affirmation d’un pas vers la démocratie et l’attribution aux militaires de 25 % des sièges au parlement et de 4 des plus importants ministères. Elle met le pouvoir exécutif dans les seules mains du National Défense and Security Council, conseil militaire sous la tutelle du Commandant en chef des services de renseignements qui peut déclarer l’état d’urgence, ne peut être poursuivi par la justice ni démis de ses fonctions par le Président, et nomme les 4 ministres militaires (Ministères de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Intérieur et des frontières).
Enfin, la constitution garantit l’impunité à tous les militaires, y compris pour les périodes passées, laissant impunis les crimes commis par la junte.
A l’indépendance, l’armée de terre (Tatmadaw Gyi), disposait de 15 bataillons.
En 1955, l’armée comptait 32 bataillons,
En 1962, de 62 bataillons,
En 1972 de 105 bataillons,
En 1982 de 146 bataillons
et en 1989 de 178.
Peu à peu furent mis en place 9 commandements puis, en mars 1995, 11 Miitary Operation Command, puis 13 (1 bataillon comprend entre 700 et 812 soldats, les chiffres divergent). Si jusqu’en 1990, l’armée était financée par le budget de l’état, en raison de l’augmentation du budget de la défense, l’armée dut trouver d’autres financements.
L’Union of Myanmar Economic Holding Limited (UMEH) fut le premier holding créé après 1988 avec l’objectif de soutenir les retraités de l’armée et le personnel.
En 2004 fut décidée la fin de toutes les activités commerciales de l’armée et le démantèlement du DDSI.
La Myamar Economic corporation : la MEC dépendant du Ministère de la défense, s’appuie sur la loi de 1979 (State Owned Economic Enterprise Law) permettant au gouvernement de créer des joint-ventures dans le domaine du teck, des plantations agricoles, de l’extraction du pétrole et du gaz, des perles, du jade, des pierres précieuses, de la pêche, des télécommunications, des transports, de la banque, des assurances, radio et télévision, extraction minière et de l’électricité, de la fabrication de produits manufacturés en lien avec la défense et la sécurité, avec l’objectif de mettre en place les activités économiques qui financeraient l’armée. L’activité la plus importante était l’assurance. Myanmar Insurance était la seule autorisée dans les pays. Les autres sociétés de l’armée : The Tatmadaw Garnment Factory à Mingaladon, la Waterproof Garnment Factory (Thamainget la Tatmadaw Shoe Factory (Indaing). En 2010, en plus de la fabrication des armes et des munitions, l’armée gèrait 9 sociétés fabriquant ballons de foot, médicaments ou commercialisant le thé. Le Directorate of Defense Services Intelligence gérait des restaurants et la publication de livres et de musique.
If education and the health system were the “poor parents” of the budget under Than Shwe, the junta developed the army to face “the inner enemy”. The number of soldiers increased to about 400,000: salaries and equipment severely cut the state budget.The government, which was almost bankrupt, made armament and struggle its priority; the government did not have the means to pay its soldiers properly, led to corruption. The equipment of the Burmese army included tanks and transport vehicles, anti-aircraft battery and communication network, 180 fighter aircraft, MIG 29 interceptors and F7 and 30 naval vessels, mostly imported from China, Yugoslavia, Poland, Russia, Singapore and Pakistan.
In addition to their pay, the military in the highest positions benefited from advantages: land, building materials, shares in military enterprises, telephone licenses, company royalties. Above all, the special exchange rate for generals, 6 Kyats for $1 (instead of 1,300 on the black market in 2009), allowed for huge profits.
The current constitution keeps power in the army: only 4 ministers do not come from the army. The constitution shows a contradiction between the affirmation of a step towards democracy and the allocation to the military of 25% of the seats in parliament and 4 of the most important ministries.
135 ethnic groups make up the country’s population. Conflicts persist in many regions. In 2017 a conference was held with the objective of achieving a ceasefire.
Att he end of World War II, Aung San, preparing for independence, tried to take into account the claims of ethnic minorities. He organized the Panglong Conference in 1947 but was assassinated only a few months before independence. The 1948 constitution did not resume the Panglong agreement.
The insurrections broke out, mingling with the Chinese Kuomintang nationalist movement, and that of the communists. The Burmese army, unable to cope, relied on paramilitary militias and sought to strengthen itself.
In 1962, property was nationalized, foreigners were expelled and the country entered its socialist period and closed to the world. After 1988 demonstrations, and the violent repression, the opposition left to the border, joined the ethnic armies in rebellion and the junta muzzled the opposition.
The economic sanctions of the Western countries accentuated the isolation of the country that dealed only with China. The Burmese army doubled in number of soldiers, up to about 400,000 men to fight the rebel armies.
Domestic politics oriented towards the forced assimilation of non-burmese ethnic groups and the struggle against opposition and control of the population, engaging young people and children.To be a soldier means to have a status and a meagre pay, the equivalent of US$40 in 2008. A young soldier interviewed in 2011 claimed that a quarter of his salary was kept by his superior and recovered at the end of the year, that part is paid for accommodation, food, uniform, and finally, he often only has 3,000 Kyats (3 euros). Promotions exist if he can recruit new recruits or marry a girl from an ethnic group, for example.