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Qui sont-ils ?
Issus de migrations parfois très anciennes, les musulmans sont nombreux en Birmanie. Ils sont souvent commerçants dans les grandes villes, bien intégrés et ont la nationalité birmane.
En Arakan, la situation est particulière de par la proximité avec le Bengladesh et du fait de migrations récentes importantes.
Qui sont-ils ces musulmans vivant actuellement en Arakan ?
– des descendants de la communauté musulmane de la période Mrauk U (1430–>1784), vivant à Mrauk U et Kyauktaw,
– des descendants des mercenaires de l’île de Ramree, ou venus de Birmanie centrale avec l’armée et restés après la conquête de l’Arakan, Selon la loi sur la citoyenneté de 1982, ils ont la nationalité birmane.
– enfin, les Bengalis de Chittagong arrivés récemment, légalement ou illégalement.
Les 2 premiers groupes vivaient en Birmanie avant la colonisation. Pour les derniers, selon la plupart des experts, ce sont des migrants, le plus souvent illégaux. En 2012 fut officiellement exprimée la position du gouvernement Birman : il n’existe pas de groupe ethnique Rohingya dans le pays et la nationalité ne leur sera pas donnée automatiquement.
Un peu d’histoire
L’Arakan fut conquis par la Birmanie en 1784 et, ce petit royaume resté indépendant devint province birmane. L’Arakan devint ensuite province de l’Empire britannique en 1826.
La colonisation britannique détruisit profondément les structures de la société locale. Les Britanniques, cherchant à développer la riziculture dans les vallées de la Kaledan et de la Lemro firent venir des Bengalis en nombre pour l’exploitation des rizières. Entre 1871 et 1911, d’après le Burma Gazetteer, le nombre de musulmans passe de 58 255 à 178 647, soit 43 % de la population totale en 1911.
En 1923, la Birmanie devint province de l’empire indien, administrée par les Britanniques selon deux modes : Burma Proper et Frontier Hill Regions ; les différences faites par l’administration britannique divisèrent la population encore un peu plus.
En 1937, la Birmanie fut séparée de l’Inde et devint colonie de la couronne, puis éclata la seconde guerre mondiale et la Birmanie fut envahie par le Japon. A la fin de la guerre, Aung San négocia l’indépendance avec les Britanniques et, pour ce faire, obtint le 12 février 47, l’accord de Panglong de la part des groupes ethniques. Il fut assassiné le 19 juillet 1947 et, la constitution ne reprenant pas les accords de Panglong, l’unité vola en éclat.
U Nu, Premier Ministre, accorda en 1950 la nationalité birmane à de nombreux Bengalis pour des raisons électorales ; en 1960, pendant la campagne électorale, il utilisa plusieurs fois le mot « Rohingya » pour désigner les musulmans Bengalis du Chittagong ce qui allait être lourd de conséquences.
Ne Win prit le pouvoir par un coup d’état en 1962 et le mot Rohingya disparut de la scène jusqu’en 1972, lorsque le Revolutionary Council Government proposa aux citoyens de faire des propositions. Les «Rohingya » demandèrent la garantie de leurs droits en tant que minorité et un Etat musulman indépendant mais le gouvernement ne reconnut ni musulmans natifs en Birmanie, ni groupe ethnique Rohynga.
En 1971 éclata la guerre de libération du Bengladesh, poussant 10 millions de réfugiés sur le sol indien, et entre 500 000 et 2 000 000 en Birmanie selon la BBC. L’Inde demanda l’aide des Organisations internationales, ce que Ne Win refusa en Birmanie. Il reconnut aussitôt le Bengladesh pour négocier le sort des réfugiés. Le Bengladesh leur proposa de rentrer mais beaucoup restèrent en Birmanie, aidés par ceux qui avaient obtenu la nationalité birmane sous U Nu.
Le gouvernement militaire Birman refusa l’intervention des organisations internationales, ce qui ne fit qu’aggraver l’idée de la responsabilité de la Birmanie. De plus, les exactions répétées de l’armée birmane, intouchable et protégée par la constitution entachent non seulement l’armée mais l’ensemble du gouvernement et le pays.
Les acteurs du problème
Le Bengladesh :
La Birmanie apparait comme un pays fertile et peu peuplé, à l’inverse du Bengladesh qui ne dispose pas de suffisamment de terres agricoles et dont une partie du territoire est régulièrement inondé. En 1965, Ne Win se rendit au Bengladesh pour discuter avec le gouvernement des frontières et des 250 000 migrants illégaux mais le problème des migrants fut laissé de côté.
En même temps que le gouvernement militaire essayait de montrer que la demande des musulmans n’était pas recevable, montait un sentiment de rejet de certains bouddhistes. En 1974, la Birmanie fit face à de violentes manifestations, au moment où eut lieu un coup d’état militaire au Bengladesh. Beaucoup de musulmans fuirent au Bengladesh et furent victimes des exactions de l’armée birmane.
En 1978 un recensement des migrants dans l’Arakan, l’opération Naga Min menée par le gouvernement ; les musulmans qui se disaient Rohingya devenaient des étrangers résidant dans le pays ; beaucoup avaient des papiers, vrais ou faux, ce qui poussa la Chine et les USA à faire pression sur la Birmanie.
Les ONG : elles ont parfois aussi un rôle, par les rapports publiés, lorsque manquent certains aspects du problème.
Parfois leurs actions même contribuent au problème. Pour exemple, en 2007, Médecins sans Frontières avait un dispensaire à Sittwe réservé aux musulmans et interdit aux autres ce qui exacerbait le sentiment de rejet.
Le rôle de l’armée : la constitution est faite pour protéger les militaires : ils n’ont à craindre aucune poursuite judiciaire pour leurs actes, présents ou passés ; de fait, les violations des droits de l’Homme se poursuivent dans toutes les régions de conflit, et dans l’Arakan, bien sûr.
Who are they?
Muslims are numerous in Burma coming from migrations, sometimes long ago, . They are often traders in large cities, well integrated and have Burmese nationality.
In Rakhine State, the situation is unique because of the proximity to Bangladesh and the recent and significant migrations.
Who are these Muslims currently living in Arakan?
– descendants of the Muslim community of the Mrauk U period (1430–>1784), living in Mrauk U and Kyauktaw,
– descendants of the mercenaries of the island of Ramree, or coming from Central Burma with the army and remaining after the conquest of the Arakan, According to the 1982 Citizenship law, they have Burmese citizenship.
– the Chittagong Bengalis who arrived recently, legally or illegally.
For the latter, according to most experts, they are migrants, most often illegal. The position of the Burmese government was officially expressed in 2012: there is no Rohingya ethnic group in the country and citizenship will not be given to them automatically.
Arakan was conquered by Burma in 1784 and, this small but independent kingdom became a Burmese province, then a province of the British Empire in 1826.
British colonization profoundly destroyed the structures of local society. The British, seeking to develop rice cultivation in the Kaledan and Lemro valleys, brought in Bengalis in numbers for the exploitation of rice fields. Between 1871 and 1911, according to the Burma Gazetteer, the number of Muslims increased from 58,255 to 178,647, (43% of the total population in 1911).
In 1923, Burma became a province of the Indian empire, administered by the British in two ways: Burma Proper and Frontier Hill Regions; the differences made by the British administration further divided the population. In 1937, Burma was separated from India and became a colony of the crown, then World War II broke out and Burma was invaded by Japan. At the end of the war, Aung San negotiated independence with the British and, to do so, obtained the Panglong agreement from the ethnic groups on 12 February 47. He was assassinated on 19 July 1947; the constitution did not include the Panglong Accords, unity shattered.
U Nu, Prime Minister, granted in 1950 the Burmese nationality to many Bengalis for electoral reasons; in 1960, during the electoral campaign, he used the word « Rohingya » several times to designate Chittagong Bengalis Muslims, which would have serious consequences. Ne Win took power by a coup in 1962 and the word Rohingya disappeared from the scene until 1972, when the Revolutionary Council Government proposed to the citizens to make proposals. The «Rohingya» demanded the guarantee of their rights as a minority and an independent Muslim state, but the government did not recognize any Rohynga ethnic group or native Muslims in Burma.
In 1971 the war for the liberation of Bangladesh broke out, pushing 10 million refugees to Indian soil, and between 500,000 and 2,000,000 in Burma, according to the BBC. India sought help from international organizations, which Ne Win refused in Burma. He immediately recognized Bangladesh to negotiate the fate of the refugees. Bangladesh offered to return, but many remained in Burma, aided by those who had obtained Burmese citizenship under the U Nu.
The Burmese military government refused the intervention of international organizations, which only aggravated the idea of Burma’s responsibility. In addition, the repeated abuses of the Burmese army, untouchable and protected by the constitution, not only tarnish the army but the entire government and the country. In contrast, Bangladesh does not have enough agricultural land and part of it is regularly flooded.
In 1965, Ne Win travelled to Bangladesh to discuss with the government the borders and the 250,000 illegal migrants, but the problem of migrants was left out. At the same time, the military government was trying to show that the demand of Muslims was not admissible, there was a sense of rejection of some Buddhists. In 1974, Burma faced violent demonstrations at the time of a military coup in Bangladesh. Many Muslims fled and were victims of Burmese army abuses.
In 1978 a census of migrants in Arakan, the Naga Min operation led by the government; the Muslims who called themselves Rohingya became foreigners residing in the country; Many of them had papers, real or false, which led China and the US to put pressure on Burma.
Ngos sometimes also have a role, through published reports, when certain aspects of the problem are missing. Sometimes their actions even contribute to the problem. For example, in 2007, Médecins sans Frontières had a clinic in Sittwe reserved for Muslims and banned others, which exacerbated the feeling of rejection.
The role of the army: the constitution is made to protect the military: they do not have to fear any legal proceedings for their acts, present or past; in fact, human rights violations continue in all areas of conflict, and in Arakan, of course.