Dans la région de Mandalay, les projets « de développement » sont nombreux, dont certains, lourds de conséquences pour la population : le pipeline et le gazoduc du projet Shwe, l’extraction du cuivre…
Le projet minier de Leptadaung est, depuis quelques années, au coeur de l’actualité. Démarré en 1999, il concerne l’extraction du cuivre à ciel ouvert (27 000 tonnes de cuivre / an), par une joint-venture entre le gouvernement Birman et Canada Ivanhoe Mines Limited , vendu à Marubeni Corporation . Les process utilisés sont très polluants pour les nappes phréatiques et les sols.
Au projet s’ajoute l’extraction par des individuels. Le projet doit pourtant être étendu avec la société Daewoo (Corée du sud). Les procédés techniques et chimiques utilisés faisant intervenir un solvant organique contenant de l’acide sulfurique sont très destructeurs pour l’environnement. Au projet de Myanmar Ivanhoe Copper Company Limited s’ajoute l’extraction par des mineurs individuels qui creusent pour extraire moins de 2 kg de cuivre pour 1000 kg de sol remué, avec des dommages irrémédiables. Ivanhoe Mines Limited agit selon les standards internationaux de 2004 très insuffisants, mais prévoit d’étendre le projet avec l’aide de sociétés Sud-coréennes (Daewoo).
La loi encadre théoriquement l’extraction minière par l’intermédiaire de la National Commission for Environmental Affairs (NCEA) créée en 1990, et affichant des objectifs de développement durable. L’encadrement des activités minières se fait par la National Environmental Policy (NEP). Dans la réalité, la loi sur l’extraction minière de 1994 protège les sociétés minières et non pas la population.
Les conditions d’exploitation sont devenues si catastrophiques pour l’environnement et les habitants, dont une partie a été expropriée pour l’extension de projet, que la population s’est mobilisée pour demander la fermeture du projet. Une commission d’enquête a été nommée par le gouvernement, présidée par Aung San Suu Kyi, qui a rendu son rapport en mars 2013, concluant à un usage de la force et l’utilisation de grenades au phosphore blanc. Les autorités ont reconnu avoir utilisé des gaz lacrymogènes. ASSK a demandé aux paysans d’accepter les compensations proposées (elle a rappelé qu’ils devaient demander l’autorisation de manifester). 69 propriétaires ont accepté les compensations. Les terres sont cédées à la mine pour 60 ans.
Plus de 400 fermiers des villages près de Letpadaung demandent aux autorités de relâcher les personnes arrêtées le 25 avril 2013, pour être venues en aide aux fermiers expropriés. Ils demandent aux autorités d’enquêter sur les violences qui ont blessées 70 manifestants le 29 novembre 2012. Ils reprochent à Chinese company Wanbao et à la société birmane détenue par les militaires Union of Myanmar Economics Holdings, de ne pas suivre les recommandations émises par le rapport de la commission d’enquête. Les familles de 26 villages ont été déplacés et plus de 7 000 acres de terrains confisquées (Source : http://www.irrawaddy.org/archives/37140, site ).
Ici, comme ailleurs, se dessinent peu à peu les enjeux du pays, et en premier lieu, celui de l’accès au terrain et aux ressources. De plus en plus de fermiers sont expropriés. Autrefois purement et simplement chassés de leurs terres, ils sont maintenant plus ou moins bien indemnisés mais les sommes perçues sont souvent insuffisantes et, compte tenu de la pression sur le foncier, il est très difficile d’acheter ailleurs.